Vendredi 15 mai
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Un homme célibataire, surtout s’il est du genre sensible, enrichit
quotidiennement les actionnaires de chez Kleenex. Dans sa corbeille, s’accumulent pêle-mêle des mouchoirs imbibés de larmes ou tout collant.
Mais il y a pire. On peut tout aussi bien être un homme célibataire, sensible et amoureux d’une fille en secret qui elle-même est sensible aussi, fraichement célibataire et toujours amoureuse. Voici l’histoire de celui qui aurait put être le plus grand utilisateur de mouchoir du monde, un enrhumé du cœur…
« Beaucoup d’histoire que je raconterais prêteront à rire. Premièrement parce que je m’efforce de suivre à la lettre les bons conseils de Beaumarchais (« Je m’empresse de rire de tout de peur de devoir en pleurer » pour les ignorants) et deuxièmement parce que je n’ai pas envie de faire fuir le peu de lecteurs qui viendront lire mes mésaventures. Pour chaque fille que j’ai embrassé, ses anecdotes burlesques. Sauf une. Pour elle, il n’y a à rapporter que des péripéties pathétiques et des torrents de larme. J’ai eu beau cherché, je n’ai rien retrouvé d’hilarant ou de seulement amusant. Comment pourrais-je sourire au souvenir de la petite amie que je n’aurais jamais…
Le premier mouchoir que j’ai usé fut arraché de ma poche au premier soir. Je l’ai à peine aperçu, assise sur un banc, mais cela à suffit pour déclencher en moi un désir démesuré. Ces lèvres légèrement entrouvertes expliquaient peut être cette excitation soudaine, ou alors son regard un peu triste et perdu, dérivant vers l’horizon, ou ses cheveux ondulés se balançant doucement sous l’emprise du vent, ou le brillant des ses yeux, son teint de poupée de porcelaine, son coude en équilibre sur son genou, son doigt qui caresse de manière mécanique le dessus de sa bouche. Ou alors c’était peut être simplement parce que j’avais l’impression d’admirer la scène d’un film dont j’étais l’unique spectateur. Le tableau était irréaliste : aucune fille, aussi sublime soit elle, ne pourrait être aussi crédible dans la réalité. Une telle expression, une telle allure, une posture pareille, on ne voit ça qu’au cinéma. D’autant plus, que de part ma position dans cette scène, à la regarder presque immobile derrière le défilé de figurants anonymes, je serais le héros principale de la romance. C’est définitivement impossible. Le soir venu, je me suis masturbé les paupières closes. Je ne visualisais que la photographie que j’en avais gardé. Je ne dévoilais aucune partie de son corps, même en me forçant à l’imaginer nue, je devinais bien que je serais loin de la vérité…
Le second mouchoir que je jetais était tout humide. Je l’ai revu à mon grand plaisir le lendemain. Elle semblait ne pas avoir bougé depuis la veille. Toutefois, un élément avait changé depuis : un filet de larme glissait sur ses joues rougis. Elle ne l’essuya même pas. Tout homme sur terre rêverais de venir en aide à une fille aussi belle que tourmentée, mais lorsqu’on l’a enfin devant nous, on ose à peine l’approcher. C’est peut-être pour cette raison que personne n’était venu la réconforter. Téméraire comme jamais, je lui tendis un mouchoir en papier. Son regard embué se posa sur moi. Elle ne me souri pas, ne m’adressa même pas la parole. Elle le pris entre ses doigt et le glissa tout le long de sa joue. Je m’assis auprès d’elle sans dire un seul mot moi non plus. Au bout de cinq longues minutes, j’entendis enfin le son de sa voix. Elle avança un timide « merci », j’en profitais pour nous extirper durablement du silence en lui posant quelques questions banales. Le seul but était de savoir ce qui l’avait mise dans cet état. J’appris que son petit ami l’avait quitté pour une autre. La raison me paraissait bien terne comparé à son visage incroyablement triste. Et comment un être humain avait-il osé la délaisser ainsi ? Cela me dépassait mais j’avais trouver le méchant de cette histoire, il en fallait bien un… Un peu plus tard, je lui proposais un troisième mouchoir assortis d’un numéro de téléphone. Elle les accepta tous les deux.
Le quatrième et cinquième kleenex avaient essuyé mon sexe insatiable. Cette fois j’avais grandement élargis les possibilités de visions. Elle m’était apparu sous différents angles, différentes expressions. Mon esprit ne la déshabillait toujours pas. Je m’en voulais déjà de me satisfaire dans son dos, j’allais pas non plus lui faire l’amour à son insu…
Je crois que je suis tombé amoureux en lui offrant le sixième. Lors de nos dernières entrevues, elle s’était efforcé de ne pas pleurer. Elle me narrait, passionnée et mélancolique, les aléas de sa vie et me décrivais plus amplement les derniers épisodes malheureux. Je l’écoutais attentivement, n’osant pas la coupé dans son élan. Cette fois ci, elle avait plongé trop en profondeur et les raisons de sa peine ne tardaient plus à ressurgir à la surface. Elle pleura à chaudes larmes et ne vis pas le kleenex que je lui tendait. J’entrepris alors d’essuyer moi-même l’eau qui noyait ses yeux, et un peu son âme. C’était la première fois que je touchais ce visage. Jusqu’à présent, je croyais regarder un film en trois dimension, ceux dans lesquels on a envie de tendre le bars pour toucher une réalité virtuelle. Cette prise de conscience que j’étais vraiment l’acteur de la situation, fit chavirer mon cœur en un instant.
J’avais gardé le dernier avec moi, comme un souvenir un brin fétichiste. Par contre, j’en utilisai un septième pou recueillir ma semence gâchée. Je culpabilisais de plus en plus à jouir sur son visage défait, recrée dans ma tête. De plus, je m’étais accordé le plaisir de lui enlevé tous ses vêtements l’espace de quelques secondes, au plus fort du plaisir. Je balançais le mouchoir à la poubelle, me promettant qu’on m’y reprendrais plus.
Les huitième et neuvième servaient de nouveau à éponger son chagrin. Plus elle pleurait, plus elle me donnait envie de la prendre dans mes bras. Je voulais lui dire que je l’aimais, que je voulais essuyé définitivement toutes ses larmes en lui proposant une nouvelle histoire. Je souhaitais plus que tout la voir sourire et la voir m’aimer aussi. Je me disais qu’il me fallait être patient, que bientôt elle oublierait ce salaud, cet odieux personnage et que derrière son image tombé en ruine elle me verrait. J’en était persuadé, ce film méritait un happy end…
Le dixième mouchoir accueillis un autre type de larmes chaudes : les miennes. Par une aberration scientifique, un fait paranormal, un retournement de situation digne d’une série Z, elle retourna dans les bras de son ex petit ami. Il était revenu vers elle tout penaud, tout désolé, tout con, tout lâche qu’il était à mes yeux. Elle, le regard toujours humide, devait avoir une vision modifié de la réalité. Finalement, c’était peut être elle qui s’imaginait dans une fiction à l’eau de rose, au dénouement improbable. Elle revint me voir une ultime fois avant de partir s’installer avec son homme. Elle me remercia de tout ce que j’avais fait pour elle et me promis de me rappeler. J’attends toujours son appel.
Elle est peut être morte, elle et son Jules de mes deux. Il se passe quoi après le générique de fin pour les couples heureux ? Il se passe quoi pour le mec qui chiale comme un con sur la dernière scène ?
Le paquet était vide. Il ne restait plus aucun mouchoir inutilisé dans ma chambre. J’aurais dut mettre le plastique à la corbeille avec ma peine et mes illusions. Les autres devenus sec dans le fond du seau, se gorgeraient peut être de tout ça, les mêlant avec les larmes et le sperme. Au lieu de ça, je me suis obstiné dans mon entreprise, vidant mon nez et mes yeux dans tout ce qui me tombait sous la main, me torchant le sexe dans n’importe quel bout de tissu dépareillé. J’ai chialé comme un damné, condamné à l’enfer des espoirs déçus. Je me suis masturbé comme un diable pour sortir ma rage par un autre orifice. Cette fois, je ne me privais pas. Je la prenais dans toutes les positions, même les plus inavouables. Je l’imaginais totalement nue du début à la fin, complètement soumise à mes désirs. Je lui faisait l’amour sauvagement, comme si je me vengeais sur un corps artificielle. Des pleurs et de l’onanisme, voilà de quoi j’alimentais mes jours et mes nuits pendant longtemps.
Le temps que j’oublis, le temps que je sois vide à mon tour, comme le paquet de mouchoir… »
Mais il y a pire. On peut tout aussi bien être un homme célibataire, sensible et amoureux d’une fille en secret qui elle-même est sensible aussi, fraichement célibataire et toujours amoureuse. Voici l’histoire de celui qui aurait put être le plus grand utilisateur de mouchoir du monde, un enrhumé du cœur…
« Beaucoup d’histoire que je raconterais prêteront à rire. Premièrement parce que je m’efforce de suivre à la lettre les bons conseils de Beaumarchais (« Je m’empresse de rire de tout de peur de devoir en pleurer » pour les ignorants) et deuxièmement parce que je n’ai pas envie de faire fuir le peu de lecteurs qui viendront lire mes mésaventures. Pour chaque fille que j’ai embrassé, ses anecdotes burlesques. Sauf une. Pour elle, il n’y a à rapporter que des péripéties pathétiques et des torrents de larme. J’ai eu beau cherché, je n’ai rien retrouvé d’hilarant ou de seulement amusant. Comment pourrais-je sourire au souvenir de la petite amie que je n’aurais jamais…
Le premier mouchoir que j’ai usé fut arraché de ma poche au premier soir. Je l’ai à peine aperçu, assise sur un banc, mais cela à suffit pour déclencher en moi un désir démesuré. Ces lèvres légèrement entrouvertes expliquaient peut être cette excitation soudaine, ou alors son regard un peu triste et perdu, dérivant vers l’horizon, ou ses cheveux ondulés se balançant doucement sous l’emprise du vent, ou le brillant des ses yeux, son teint de poupée de porcelaine, son coude en équilibre sur son genou, son doigt qui caresse de manière mécanique le dessus de sa bouche. Ou alors c’était peut être simplement parce que j’avais l’impression d’admirer la scène d’un film dont j’étais l’unique spectateur. Le tableau était irréaliste : aucune fille, aussi sublime soit elle, ne pourrait être aussi crédible dans la réalité. Une telle expression, une telle allure, une posture pareille, on ne voit ça qu’au cinéma. D’autant plus, que de part ma position dans cette scène, à la regarder presque immobile derrière le défilé de figurants anonymes, je serais le héros principale de la romance. C’est définitivement impossible. Le soir venu, je me suis masturbé les paupières closes. Je ne visualisais que la photographie que j’en avais gardé. Je ne dévoilais aucune partie de son corps, même en me forçant à l’imaginer nue, je devinais bien que je serais loin de la vérité…
Le second mouchoir que je jetais était tout humide. Je l’ai revu à mon grand plaisir le lendemain. Elle semblait ne pas avoir bougé depuis la veille. Toutefois, un élément avait changé depuis : un filet de larme glissait sur ses joues rougis. Elle ne l’essuya même pas. Tout homme sur terre rêverais de venir en aide à une fille aussi belle que tourmentée, mais lorsqu’on l’a enfin devant nous, on ose à peine l’approcher. C’est peut-être pour cette raison que personne n’était venu la réconforter. Téméraire comme jamais, je lui tendis un mouchoir en papier. Son regard embué se posa sur moi. Elle ne me souri pas, ne m’adressa même pas la parole. Elle le pris entre ses doigt et le glissa tout le long de sa joue. Je m’assis auprès d’elle sans dire un seul mot moi non plus. Au bout de cinq longues minutes, j’entendis enfin le son de sa voix. Elle avança un timide « merci », j’en profitais pour nous extirper durablement du silence en lui posant quelques questions banales. Le seul but était de savoir ce qui l’avait mise dans cet état. J’appris que son petit ami l’avait quitté pour une autre. La raison me paraissait bien terne comparé à son visage incroyablement triste. Et comment un être humain avait-il osé la délaisser ainsi ? Cela me dépassait mais j’avais trouver le méchant de cette histoire, il en fallait bien un… Un peu plus tard, je lui proposais un troisième mouchoir assortis d’un numéro de téléphone. Elle les accepta tous les deux.
Le quatrième et cinquième kleenex avaient essuyé mon sexe insatiable. Cette fois j’avais grandement élargis les possibilités de visions. Elle m’était apparu sous différents angles, différentes expressions. Mon esprit ne la déshabillait toujours pas. Je m’en voulais déjà de me satisfaire dans son dos, j’allais pas non plus lui faire l’amour à son insu…
Je crois que je suis tombé amoureux en lui offrant le sixième. Lors de nos dernières entrevues, elle s’était efforcé de ne pas pleurer. Elle me narrait, passionnée et mélancolique, les aléas de sa vie et me décrivais plus amplement les derniers épisodes malheureux. Je l’écoutais attentivement, n’osant pas la coupé dans son élan. Cette fois ci, elle avait plongé trop en profondeur et les raisons de sa peine ne tardaient plus à ressurgir à la surface. Elle pleura à chaudes larmes et ne vis pas le kleenex que je lui tendait. J’entrepris alors d’essuyer moi-même l’eau qui noyait ses yeux, et un peu son âme. C’était la première fois que je touchais ce visage. Jusqu’à présent, je croyais regarder un film en trois dimension, ceux dans lesquels on a envie de tendre le bars pour toucher une réalité virtuelle. Cette prise de conscience que j’étais vraiment l’acteur de la situation, fit chavirer mon cœur en un instant.
J’avais gardé le dernier avec moi, comme un souvenir un brin fétichiste. Par contre, j’en utilisai un septième pou recueillir ma semence gâchée. Je culpabilisais de plus en plus à jouir sur son visage défait, recrée dans ma tête. De plus, je m’étais accordé le plaisir de lui enlevé tous ses vêtements l’espace de quelques secondes, au plus fort du plaisir. Je balançais le mouchoir à la poubelle, me promettant qu’on m’y reprendrais plus.
Les huitième et neuvième servaient de nouveau à éponger son chagrin. Plus elle pleurait, plus elle me donnait envie de la prendre dans mes bras. Je voulais lui dire que je l’aimais, que je voulais essuyé définitivement toutes ses larmes en lui proposant une nouvelle histoire. Je souhaitais plus que tout la voir sourire et la voir m’aimer aussi. Je me disais qu’il me fallait être patient, que bientôt elle oublierait ce salaud, cet odieux personnage et que derrière son image tombé en ruine elle me verrait. J’en était persuadé, ce film méritait un happy end…
Le dixième mouchoir accueillis un autre type de larmes chaudes : les miennes. Par une aberration scientifique, un fait paranormal, un retournement de situation digne d’une série Z, elle retourna dans les bras de son ex petit ami. Il était revenu vers elle tout penaud, tout désolé, tout con, tout lâche qu’il était à mes yeux. Elle, le regard toujours humide, devait avoir une vision modifié de la réalité. Finalement, c’était peut être elle qui s’imaginait dans une fiction à l’eau de rose, au dénouement improbable. Elle revint me voir une ultime fois avant de partir s’installer avec son homme. Elle me remercia de tout ce que j’avais fait pour elle et me promis de me rappeler. J’attends toujours son appel.
Elle est peut être morte, elle et son Jules de mes deux. Il se passe quoi après le générique de fin pour les couples heureux ? Il se passe quoi pour le mec qui chiale comme un con sur la dernière scène ?
Le paquet était vide. Il ne restait plus aucun mouchoir inutilisé dans ma chambre. J’aurais dut mettre le plastique à la corbeille avec ma peine et mes illusions. Les autres devenus sec dans le fond du seau, se gorgeraient peut être de tout ça, les mêlant avec les larmes et le sperme. Au lieu de ça, je me suis obstiné dans mon entreprise, vidant mon nez et mes yeux dans tout ce qui me tombait sous la main, me torchant le sexe dans n’importe quel bout de tissu dépareillé. J’ai chialé comme un damné, condamné à l’enfer des espoirs déçus. Je me suis masturbé comme un diable pour sortir ma rage par un autre orifice. Cette fois, je ne me privais pas. Je la prenais dans toutes les positions, même les plus inavouables. Je l’imaginais totalement nue du début à la fin, complètement soumise à mes désirs. Je lui faisait l’amour sauvagement, comme si je me vengeais sur un corps artificielle. Des pleurs et de l’onanisme, voilà de quoi j’alimentais mes jours et mes nuits pendant longtemps.
Le temps que j’oublis, le temps que je sois vide à mon tour, comme le paquet de mouchoir… »
"J'ai remplacé les mouchoirs par une serpillère, c'est plus économique..."