Chroniques de mon absence de vie sexuelle



La scène se déroule dans un Buffalo lambda, un samedi soir aux alentours de 22 heures.

Près de l’entrée s’étend une longue table où sont assis huit personnes. Deux hommes d’une trentaine d’années s’esclaffent en bout de table. A leurs côtés, cinq jeunes femmes racontent leurs vies respectives avec panaches et se remémorent leurs années communes au lycée. Parmi elle se trouve Emilie. Elle n’a plus vu ses amies depuis quelques mois et les écoute avec attention. Un jour avant de les rejoindre, elle avait demandé à son jeune frère de venir diner avec eux. C’est lui le huitième larron, ou devrais-je dire : le type hors sujet qui s’est incrusté à une soirée du club des sept. Depuis une bonne demi-heure, il s’acharne à se dissimuler dans le coin du restaurant, muet et discret dans chacun de ses gestes. D’ailleurs, ça marche plutôt bien puisque tout le monde l’a oublié depuis un moment…


Inutile de préciser que le mec en question n’est autre que moi-même (bien que c‘est ce que je viens de faire). Et si je m’évertuais ce soir là à me mouvoir dans le mur, c’est simplement parce que j’étais paralysé par mon trait de caractère le plus marquer : la timidité. Et quand une personne telle que moi se retrouve entouré de gens qu’il connait à peine, plus âgé que lui, qui n’ont pas particulièrement envie de lui parler et majoritairement féminin de surcroit, croyez moi qu’il est particulièrement dur d’ouvrir la bouche autrement que pour y enfourner un morceau de bison grillé…

Ma sœur est en quelques sortes la reine de la soirée et moi son valet qui l’accompagne modestement. Depuis qu’elle s’est exilé à l’autre bout de la France, elle ne passe plus souvent dans le secteur. Evidemment, tous les regards se posent sur elle à cet instant là et le flux de paroles ne passe jamais par moi. Alors de mon côté, je me contente de relire pour la énième fois le menu et d’écouter vaguement se qui se dit mille mètres plus loin (oui, dans ce genre de situation, on a la désagréable sensation qu’une distance incroyable nous sépare du reste de la meute).

De temps à autre, je m’autorise un extra : je jette un coup d’œil rapide en direction du décolleté de Cynthia. Je suis persuadé que je pourrais le reluquer toute la soirée sans qu’elle s’en aperçoive, mais dans le doute, je préfère ne pas abuser de sa distraction. Elle est ravissante quand même Cynthia. Ce n’est pas la première fois que je la vois, mais à cet instant précis, elle me fait particulièrement de l’effet. J’imagine qu’elle a soigné son apparence durant des heures avant de sortir de chez elle : chaque mèche de cheveux est divinement bien placé, sa peau ne laisse apparaitre aucune séquelles de sa journée de travail, ses vêtements sont immaculés et sans plis. Elle est célibataire ? Elle compte prolonger la soirée jusqu’au bout de la nuit ? Tout s’explique. Je fais bien de continuer à écouter la conversation pendant que je louche sur sa poitrine.

C’est la plus jeune du lot, juste après moi, elle doit avoir 25 ans tout au plus. A l’observer, elle n’est pas dans le même état d’esprit que ses amies. Tandis que la plupart parle mariage, enfants et responsabilités, elle semble vouloir rester lycéenne ou au mieux étudiante dans sa tête. J’apprends même qu’elle vis toujours chez sa mère. Je pourrais avoir ma chance, mais je n’en ferais rien. A part si la serveuse me resserre encore deux ou trois rasades d’alcool, je devrais rester sage ce soir encore. Elle souhaite rencontrer quelqu’un cette nuit. Un homme plus âgé qu’elle, évidemment. Mes chances se fracassent la gueule par terre avant même que je les saisissent au bond.

Aurélie m’adresse soudainement la parole. Me voilà agréablement surpris jusqu’à ce que j’entende ce qu’elle me demande. Tous les visages se tournent vers moi. Je ne sais plus ce qu’elle m’a dit exactement, mais j’ai eu le sentiment que c’était ma grand-mère qui me demandait si j’avais eu des bonnes notes à l’écoles. Une question de circonstance, quoi. J’ai balbutié un charabia sans intérêt, les faciès on repris leurs posent d’auparavant et mon corps retournait se coller contre le papier peint.

J’ai eu le temps de remarquer que Cynthia se foutait éperdument du peu que j’ai raconté de moi. Je ne suis que le « petit » frère de sa copine, le gamin auquel il manque cinq ou six années (et peut être un peu plus de muscles) pour qu’elle daigne m’accorder un intérêt plus marquer. Pourtant, si mes cordes vocales se décrispaient, je suis sûr que j’aurais bien plus à lui dire que les trois quart des beaux gosses qu’elle rencontrera après minuit.

J’ai envie de m’assoir à ses côtés et de lui parler de la voie lactée, de Ronsard ou de mes rêves absurdes. Et je l’écouterais passionné, même si il ne sortait de sa bouche que des choses futiles, qu’importe, je m’enivre déjà du mouvement de ses lèvres et de chacune de ses expressions savoureuses. J’aimerais qu’elle me dévoile avec sa candeur naturelle toutes les parcelles de sa vie et de son être, comme deux personnes qui savent que tout cela ne sera pas vain. Je souhaiterais lui confier que sa poitrine a demi dissimulée, éveille en moi un désir sans pareil, quelque soit sa réaction. Si elle ne me gifle pas, j’en profiterais pour faire un portrait de sa beauté, non pas pour la séduire mais parce que j’aime décrire ce qui me touche profondément. Si les autres le permet, je l’enlèverais sans attendre à l’abri des regards et des oreilles. Avec un peu de chance, je parviendrais même à nous extraire de l’espace et du temps. Il nous faudrait seulement de l’air autour de nous pour pouvoir respirer et aussi crier. Dans le vide alentour, je la déshabillerais avec patience, prenant le temps de découvrir chaque contour qu’elle me cachait juste avant. Je la caresserais à ravir, espérant de tout mon être que la peau de son corps serais aussi douce que son visage radieux. Je l’embrasserais et le parcourrais sans pouvoir m’arrêter. Il faudrait sans nul doute que je lui retire cette culotte pour laisser enfin exprimer ma langue. Je l’entendrais jouir progressivement. Son corps palpiterais au bout de mes papilles alors que le miens s’élancerais jusque dans le bout de mon gland. Ce sera le moment pour nos deux organes de battre à l’unisson. Cela durerais le plus longtemps possible, au moins jusqu’à ce qu’elle en oublie sa boîte de nuit et ses beaux gosses per dizaines. Je voudrais qu’elle aspire toute l’air environnante jusqu’à ce que l’on étouffe et s’évanouisse de plaisir…

Je reprends mes esprit, tout le monde se lève. Je vais peut être attendre avant de me relever à mon tour… Devant moi, Cynthia est debout. Bien que je sois encore assis, j’ai l’impression que même élever sur mes deux jambes, je demeurerais plus petit qu’elle. Voilà l’horrible sensation que j’éprouve face aux femmes que je désirs au point de fantasmer dans un restaurant à l’odeur de frites et de viandes grillées.

Du haut de mon mètre quatre-vingt, mon esprit élève toutes les femmes sur des piédestal qui me dépassent de beaucoup. Ma timidité maladive fait le reste. Je suis un homme qui rampe sur le sol parmi les statues érigées, de peur de les déranger. Si seulement je pouvais pousser la métaphore jusqu’au vice et que je sois effectivement si petit que je me faufilerais sans mal entre leurs jambes gracieuses et élancées, à admirer le ciel de leurs culottes au dessus de ma tête… Si un jour vous croisez un mec qui marche à quatre pattes dans les rues de Tours, ce sera moi ; je serais devenu fou à trop me sentir ridiculement petit.

Et la fin de la soirée finalement ? Cynthia a rejoint les dancefloor et moi mon lit. Mon sexe s’est recroquevillé, déçu qu’il était. Durant la nuit, j’ai rêvé d’un corps allongé tout près de moi. Dans cette position, il était à la même hauteur que le mien. Il faut croire que je continuerais à me sentir petit tant que je n’aurais pas réussis à mettre une de ses géante dans mon lit…


"Et avec l'été qui arrive ça va pas s'arranger..."

Jeu 7 mai 2009 Aucun commentaire